samedi 13 janvier 2007

Communiqué d'Askatasuna du 10 Janvier 2007

LA RÉPRESSION N'EST PAS LE CHEMIN

Les arrestations, les fouilles, les agressions continuent… LA TORTURE AUSSI

Meeting politique interdit et sauvagement réprimé

Le Mouvement pour l'Amnistie avait annoncé un acte politique pour le 6 janvier au vélodrome d'Anoeta (Donostia), dans l'intention de présenter sa contribution au processus de résolution du conflit politique basque. Malgré l'interdiction par l'Audience Nationale espagnole de ce meeting, des milliers de personnes se sont réunies pour dénoncer la répression et exiger des conditions démocratiques pour Euskal Herria. Cette manifestation pacifique a fait l'objet de violentes charges de la part de la Ertzaintza (police autonome basque) provoquant de nombreux blessés dont certains ont du être transportés aux urgences. La Ertzaintza a également arrêté deux personnes, dont une a été passée à tabac, puis les a remises en liberté. Nous exprimons notre soutien et notre solidarité à toutes les personnes blessées, et nous dénonçons fermement l'attitude des autorités espagnoles et basques, qui ont fait preuve, une fois encore, d'une véritable stratégie de guerre.

Sebas torturé pendant trois jours dans les casernes de la Guardia Civil

Sébastien Bedouret, militant du comité parisien de solidarité avec le peuple basque et responsable de l'émission Txalaparta diffusée sur Radio Pays à Paris en solidarité avec les prisonniers politiques basques, a été arrêté samedi dernier 6 janvier à Donostia, alors qu'il se rendait avec une délégation internationale au meeting d'Anoeta. Sebas Bedouret a été torturé par la Guardia Civil pendant les trois jours qu'il a passés sous le régime de la mise au secret, et forcé à signer de fausses déclarations, sur la base desquelles il a été incarcéré à Soto del Real (Madrid). C'est ce qu'il a fait savoir hier à son avocat. Les coups, les menaces, les insultes et les cris n'ont cessé à aucun moment pendant ces trois jours. (En pièce jointe, le résumé du récit fait par Sebas à son avocat).

Le gouvernement espagnol, celui de Zapatero en l'occurrence, comme tous les précédents, utilise la torture pour terroriser et écraser Euskal Herria. Il l'utilise contre les citoyens basques et contre tous ceux qui sont prêts à leur montrer leur solidarité comme Sebas le fait chaque jour par le soutien qu'il apporte aux prisonniers et à leur famille.

Nous sommes peinés et horrifiés d'avoir, aujourd'hui encore, à dénoncer des actes de torture, et nous constatons que de nombreuses déclarations faites ces derniers mois n'étaient que poudre aux yeux. Ainsi, il y a quelques mois, le gouvernement autonome basque avait accepté une motion contre la torture demandant la fermeture de l'Audience Nationale espagnole. Ces voix sont silencieuses aujourd'hui.

Nous exigeons la libération immédiate de Sebas et la fin de toutes les tortures et mauvais traitements et nous appelons tous les citoyens basques et personnes solidaires à participer aux mobilisations qui seront organisées dans les jours qui viennent en Euskal Herria et à Paris. Rassemblement demain jeudi 11 janvier à 19h à l'appel d'Askapena devant la délégation du gouvernement espagnol à Bilbao.

Iñaki est toujours en grève de la faim

Iñaki de Juana Chaos en est à son 65ème jour de grève de la faim, en protestation contre sa recondamnation à 12 ans de prison par la justice espagnole pour avoir écrit deux articles d'opinion. Son état est extrêmement grave. Il souffre beaucoup et passe plusieurs heures par jour (jusqu'à 12) attaché à son lit et nourri de force par sonde nasale sur ordre de l'Audience Nationale. En pièce jointe une lettre d'Iñaki qui devait être lue au vélodrome d'Anoeta. Comme tous les vendredis, après-demain vendredi 12 décembre, des rassemblements seront organisés dans de nombreux villages et quartiers d'Euskal Herria pour exiger la libération immédiate d'Iñaki et de tous les prisonniers qui sont maintenus derrière les barreaux par tous les moyens bien qu'ils aient fini leur peine (150).

Arrestations et perquisitions dans l'État français

Et la France n'est pas en reste, elle montre même un bien grand empressement à participer à cette répression pour un pays qui "n'est pas concerné par ce conflit". Deux citoyens basques, Garikoitz Etxeberria et Asier Larrinaga ont été arrêtés hier matin à Ascain. Ils sont toujours en garde-à-vue et ni leur famille ni leurs avocats n'ont pu avoir de leurs nouvelles. Nous dénonçons cette situation et exigeons leur libération immédiate. Par ailleurs, la police française a fouillé durant plusieurs heures hier le domicile d'Urrugne du prisonnier politique basque Peio Alcantarilla et de sa compagne Lurdes Urdanbilleta (libérée il y a deux semaines) en présence du couple et des juges françaises Le Vert et Houyvet, fouille que certains grands médias français ont réussi à faire passer pour une victoire de la lutte anti-terroriste. Nous rappelons que Lurdes et Peio avaient été arrêtés le 3 octobre 2004, elle a Urrugne et lui en Espagne où il exerçait son métier de chauffeur, et où il avait été si sauvagement torturé qu'il avait tenté de se suicider dans les locaux de la Guardia Civil. Il a été remis l'année suivante aux autorités françaises par l'État espagnol. Aujourd'hui, c'est le domicile parisien de Sebas Bedouret et de sa compagne qui a été perquisitionné pendant 10 heures. La police a emmené tout son matériel informatique, de nombreux documents et des téléphones.

Tous ces actes, qu'il s'agisse d'un côté ou de l'autre des Pyrénées, nous montrent une fois encore que les gouvernements espagnol et français, plutôt que de rechercher une solution démocratique à ce conflit source de tant de souffrances, s'emploient au contraire à l'alimenter et à conditionner l'avenir de ce pays par une stratégie de guerre. Et nous leur disons, une fois de plus, qu'il font ainsi la preuve de leur caractère anti-démocratique en plus d'une terrifiante bêtise politique. La torture doit disparaître d'Euskal Herria. La politique de répression, les violations incessantes des droits civils et politiques doivent disparaître de la vie des citoyens basques. Les gouvernements de la France et de l'Espagne doivent cesser définitivement d'utiliser ces instruments de guerre que sont les lois et les tribunaux d'exception et faire enfin des premiers pas sur le chemin d'une solution juste pour tous.

Euskal Herria, le 10 janvier 2007

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